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C’est une fascination tous azimuts qui a guidé Gilles Gaudreau vers les abeilles. D’abord, son amour de la nature date de l’enfance. Ensuite, il comprend le rôle crucial des abeilles dans les écosystèmes ainsi que l’importance de la santé de l’environnement dans lequel elles vaquent à leurs occupations. Enfin, il est passionné d’histoire et les produits de la ruche laissent leur marque depuis des millénaires, jusque dans la mythologie. Ces ingrédients réunis ont tracé le chemin de l’Hydromellerie Saint-Paul-de-la-Croix, née dans le Bas-Saint-Laurent en 2005.
Entre ses années de cégep et d’université, Gilles Gaudreau suit une formation en apiculture à La Pocatière afin de maîtriser son nouveau passe-temps. Des années plus tard, alors qu’il est devenu photographe professionnel et qu’il navigue dans le monde de l’édition, l’appel d’un rythme de vie plus calme se fait sentir. Au même moment, il est approché par la propriétaire d’une miellerie locale bien établie qui cherche à vendre son entreprise. Passionné de la première heure, celui qui possède une quarantaine de ruches et a acquis de l’expérience en tant qu’apiculteur amateur fait alors le grand saut. Nous sommes en 2000.
«Je devenais le troisième propriétaire de la miellerie fondée à la fin des années 1970. Je profitais ainsi des installations, d’un réseau de distribution, de 150 ruches et de toute une organisation me permettant de financer plus rapidement les projets que j’avais en tête pour la suite», explique-t-il.
Dans sa jeunesse, Gilles Gaudreau produisait déjà des vins maison avec de la matière première, de la betterave au pissenlit. «Alors que je commençais en apiculture, j’ai trouvé un vieux livre qui appartenait à mon père et dans lequel se trouvaient des recettes d’hydromel, raconte-t-il. J’ai toujours été attiré par ça; naturellement, j’ai commencé à en faire. Au moment de fonder mon entreprise, je souhaitais donc valoriser le produit de la ruche de cette façon.»
Résolu à lancer son hydromellerie, il suit une formation spécifique à la transformation d’alcool. Dès sa première année d’activité, il double le nombre de ses ruches, à 300, un cheptel qu’il maintient depuis et qui convient parfaitement aux besoins de son entreprise artisanale.
De l’histoire dans la bouteille
Devenu apiculteur et hydromellier à temps plein, le féru d’histoire n’est cependant jamais bien loin. En 2005, il crée son premier hydromel nature, Les Filles du Soleil, le nom que donnait le peuple égyptien aux abeilles, symboles de fertilité et de prospérité.
Il élabore par la suite La Route des Sauvages, un vin de miel aux fruits sauvages comme l’amélanche, la cerise à grappes et l’aronia. «On trouve ces baies en grande quantité près de la route des Sauvages, un chemin qu’empruntaient les Malécites du Madawaska jusqu’au fleuve pour faire des échanges. C’est en quelque sorte un hommage à leur histoire.» Depuis le lancement de cet hydromel, Gilles Gaudreau est invité chaque année comme exposant au Rassemblement de la route des Sauvages, à Cacouna, un événement qui fait la promotion et la diffusion de la culture et du patrimoine de la nation malécite.
Au fil des années s’ajoutent aussi Le Nectar du Terroir Basque, un hydromel de pomme, et Le Port aux Basques, un hydromel fortifié qui s’apparente au porto et a remporté une médaille d’or à la Coupe des Nations en 2023.
La Coureuse des champs, pour sa part, incarne le petit – et grand – miracle de la pollinisation. «Tous les fruits qu’on utilise pour nos produits ont fort probablement été pollinisés par nos abeilles, puisqu’ils proviennent des producteurs des villages avoisinants chez qui nos ruches sont installées», explique l’hydromellier. C’est davantage qu’un concept; c’est une synergie entre des entreprises locales qui partagent un terroir. Cette valeur a une grande importance aux yeux de Gilles Gaudreau qui s’efforce, depuis 20 ans désormais, de la distiller dans chacun de ses hydromels.