.
On dit que le hasard fait bien les choses. C’est justement une succession de hasards qui a mené l’agronome de formation Géraud Bonnet de son petit village des Alpes jusqu’à Ferme-Neuve, dans les Hautes-Laurentides. C’est là qu’il a eu la piqûre à la fois pour les abeilles et les vins de miel.
Rien ne destinait Géraud Bonnet à devenir copropriétaire d’une hydromellerie familiale au Québec. Dans les faits, son histoire d’amour avec les abeilles débute en Corse.
«Après mes études, j’ai simplement répondu à une offre d’emploi, raconte-t-il. Mon travail m’a amené sur le terrain et je suis tombé amoureux des producteurs corses et de l’apiculture.» C’est dans ce contexte qu’il fait la connaissance d’autres apiculteurs de partout dans le monde, dont un certain Anicet Desrochers, propriétaire des Miels d’Anicet, dans les Laurentides. C’est là que Géraud Bonnet se rend pour parfaire ses connaissances. «À l’époque, j’avais l’intention de m’installer en Corse, se souvient-il. J’étais allé à Ferme-Neuve pour faire un stage et me mettre les mains dans les colonies d’abeilles.» Plus de 15 ans plus tard, il y est toujours!
«C’est là que j’ai rencontré ma femme, Naline, la sœur d’Anicet», poursuit-il. Ensemble, ils prennent dès 2008 la relève du volet transformation de la ferme apicole fondée plusieurs années plus tôt par la famille Desrochers. Ils ont le désir de produire des vins de miel plus secs, moins sucrés et liquoreux que le profil de saveurs traditionnellement associé aux hydromels. Ils ont aussi la volonté de s’inspirer des méthodes d’élaboration des vins nature. «Mes beaux-parents travaillaient déjà avec du miel bio, sans sulfites ajoutés, mais on a voulu aller encore plus loin», fait-il valoir. À partir de 2011, le couple commence ainsi à expérimenter des fermentations naturelles. «On a eu la chance d’avoir un mentor qui est un pionnier du vin nature, mais il a quand même fallu beaucoup d’essais et d’erreurs», convient-il.
Des vins de miel distinctifs
Les vins de miel de Desrochers D se distinguent non seulement par des méthodes de vinification innovatrices, mais également par l’utilisation de miels typés. «Notre vision, c’est d’utiliser les miels de saison d’Anicet comme s’il s’agissait de cépages, explique Géraud Bonnet avec passion. Chaque saison, le paysage fleurit différemment. On exploite ces différences et on adapte nos techniques de vinification pour permettre au miel de s’exprimer le mieux possible.»
Un exemple parmi d’autres? Le miel de tilleul, typique du terroir des Hautes-Laurentides, est mis en valeur dans le Fœhn, un vin mousseux ultrarafraîchissant élaboré à partir d’une fermentation naturelle sur levain de pollen, un produit unique en son genre.
L’héritage familial demeure toutefois bien vivant avec la Cuvée de la Diable. D’abord créé par les parents de Naline, ce vin de miel liquoreux et vieilli trois ans en fûts de chêne continue à être fabriqué de manière artisanale à partir de miels aux arômes relevés, le plus souvent des miels de printemps, d’automne et de sarrasin, décrit Géraud Bonnet.
La preuve qu’innovation et tradition peuvent faire bon ménage!